Le mot du président

(Le texte ci-dessous a été rédigé par le président de la FNACAV, M. Alain Legrand, dans le cadre de l’Assemblée Générale du 15 juin 2018. Ce texte est extrait du rapport moral et d’activité 2017).

Depuis ses débuts la FNACAV s’est positionnée contre les violences faites aux femmes au sein du couple et de la famille. Si nous reconnaissons que ces violences ne sont pas le seul fait des hommes, les femmes en sont les principales victimes et n’avaient encore récemment, que peu de ressources pour s’y soustraire. Dans ce cadre, les violences sexuelles restent un sujet tabou et peu abordé dans les études et enquêtes menées.

Pourtant, les violences sexuelles restent une des plus grands fléaux de l’humanité, par le nombre de personnes touchées et leurs conséquences. Les traumatismes et les perturbations psychologiques qui en découlent affectent les personnes tout au long de leur vie et compromettent le développement des enfants qui en sont victimes. Si ces violences touchent l’ensemble des humains, femmes, hommes et enfants, elles se dirigent en premier lieu contre les femmes à l’instar des violences conjugales.

La libération de la parole à laquelle nous assistons nous interpelle et nous demande d’agir pour que cesse ces comportements pervers et violents. Les hommes se doivent de prendre parti contre ces violences et montrer ainsi leur désir d’une société plus juste et respectueuse des droits de chacun. La FNACAV s’associe ainsi aux mouvements qui dénoncent ces comportements et exigent des réponses sociétales à la hauteur des enjeux.

Les violences sexuelles familiales et conjugales sont le terreau de nombreuses autres violences et la porte d’entrée dans des processus psychopathologiques. Aujourd’hui, et dans la suite de nombreuses études pratiques et expérimentales, nous savons que les réponses à ces problématiques passent par le traitement des auteur-e-s de violences. La prévention de ces actes et de la récidive nécessite un positionnement clair de la société et des moyens qui visent l’efficacité.

Les nombreuses études actuelles sur la prise en charge des auteur-e-s de violences montrent  les effets positifs de celle-ci dans une majorité de cas. La France peine à rattraper son retard et à inscrire pleinement ce moyen de prévention dans ses programmes d’actions.

La question des moyens reste centrale et interroge sur la volonté des pouvoirs publics. Ceux-ci restent parcellaires voire inexistants ou pire, supprimés. Pourtant le coût sociétal de ces violences n’est plus à calculer et nous savons qu’il est sans commune mesure avec ce qui est déployé réellement pour lutter contre ces fléaux. Ainsi, en ce qui concerne les enfants, il est certain qu’au sein d’une famille aimante et suffisamment équilibrée la violence a peu de chance de trouver à s’exercer et de trouver des « arguments » pour la légitimer. La prise en charge des auteur-e-s de violences conduit à des changements rapides et positifs dans la majorité des cas, notamment lorsque sont en jeu de jeunes enfants et lors des phases de séparation qui sont les moments de plus grand danger et d’exacerbation des sentiments. Ce dernier point vaut également pour les couples séparés ou en voie de séparation.

Les efforts de catégorisation, d’évaluation et de compréhension menés en France et à l’étranger permettent d’agir à la source même des difficultés que nos sociétés rencontrent. Le coût moyen d’une prise en charge reste bas au regard de celui de la violence. Qu’est ce qui résiste, qui empêche un véritable investissement des pouvoirs publics dans cette lutte ? Nous n’avons pas les réponses à cette question mais nous voyons les effets délétères de ce manque. La France marque un retard important comme nous pouvons le constater chez nos voisins européens et outre-Atlantique (Canada et Amériques). Nous attendons et espérons une vraie politique de lutte qui considère les problèmes tels qu’ils se posent et, dans la mesure du possible, qui se donne les moyens de mettre en œuvre ces prises en charge indispensable à l’évolution sociale.

La FNACAV, comme diverses de ses structures adhérentes, reste en difficulté financière malgré les faibles moyens que nous revendiquons. Nous œuvrons dans le sens de la marche de notre société et comprenons difficilement que ce pan important de la problématique qui nous occupe, avec les répercussions sociales qu’elle engendre et sur lequel nous pouvons agir, ne soit pas mieux considéré.

C’est donc avec l’espoir d’être entendu auprès des instances décisionnelles pour les années à venir que je conclurai ce mot. Egalement en remerciant particulièrement les membres de la FNACAV qui donnent de leur temps et de l’énergie pour qu’existe cette fédération. Enfin en souhaitant la bienvenue aux nouvelles structures qui sont venues nous rejoindre cette année.

 

Le Président, Alain LEGRAND