“Mais après, on peut aussi lever notre drapeau et dire que nous, on n’est pas comme ça”
Article – Le Monde – 4 novembre 2017
« Je n’imaginais pas que c’était aussi dur, au quotidien, d’être une femme »
Avec l’affaire Weinstein et le phénomène #balancetonporc, des garçons de 25 ans confient avoir pris conscience de l’ampleur du problème sexiste et s’interrogent sur leur propre conduite.
Ils ont d’abord agité nerveusement la carte du restaurant. Hésité trois fois entre la pizza et les pâtes – « les pâtes, c’est facile à faire à la maison » –, balancé une blague sur la serveuse – « attention, ça peut être du harcèlement, ça ». Une autre vanne encore, et Amine, Fabrice, Ghislain, Jules et Valentin se sont lancés. Ils ont raconté ce que pensent des hommes de 25 ans, ni trop pauvres ni trop riches, ni trop à gauche ni trop à droite, ni mâles alpha ni queer, plutôt garçons ordinaires et ouverts sur le monde, du phénomène #balancetonporc.
Ghislain, c’est mon petit frère, biberonné par ses deux sœurs à nos prises de conscience féministes successives, à ma révolte de l’avoir vu se faire offrir par mon père un canif à l’âge de 6 ans alors que j’en avais été interdite jusqu’à 10. Des années qu’il m’entend me plaindre des mecs qui se collent à moi dans les transports en commun, de cette sensation d’être un grand gâteau très appétissant à la station de métro Barbès, de l’injustice qui veut qu’une fille qui se fâche a toujours l’air d’une mégère, et celle qui couche, d’une salope.
« Quand il montait aux toilettes, le patron du resto interpellait la serveuse d’un “suis-moi”. On rigolait tous, bêtement. J’ai fini par lui dire : “Stop, ça suffit” » FabricePourtant, Ghislain, quand je l’ai appelé pour lui dire : « Au Monde, ils m’ont demandé d’écrire sur “ce que pensent les hommes”. Ça t’évoque quoi ? », il m’a d’abord fait part de sa stupeur : « Je n’imaginais pas que c’était aussi dur au quotidien d’être une femme. » Mes complaintes n’avaient pas imprimé. Lui, un jeune homme éduqué, avec deux sœurs, une mère, une nièce, une copine, des amies, ne réalisait pas ce qu’on vivait. « Ça fait quelques semaines qu’on en parle, avec mes copains, à chaque fois qu’on se voit, on sait pas trop quoi dire ni quoi faire. » Face aux porcs, ces hommes qui déshonorent…
Pour accéder à la suite, cliquer sur le lien suivant (article protégé)